Certains d’entre vous me demandent ce qu’est exactement un vin orange, si c’est bon et à quoi ça ressemble.
Il est vrai que nos palais, habitués à boire des vins blancs secs plutôt pâles ou délicatement dorés, peuvent être déstabilisés par les vins orange à structure légèrement tannique.
Mais regardons avant toute chose comment le vin orange est fabriqué.

 

La fabrication du vin orange

Le vin orange est un vin de cépage blanc vinifié comme un rouge, c’est-à-dire qu’il a fait l’objet d’une macération avec les peaux des raisins.

Pour rappel, le vin blanc traditionnel est fabriqué avec des raisins de cépages blancs que l’on presse juste après la vendange. Le jus ainsi obtenu est ensuite mis à fermenter en cuves, et les peaux pressées, qui constituent le gâteau de marc, sont mises de côté à d’autres fins.
Le moût n’a donc pas eu le temps d’être en contact avec les peaux des raisins, d’où sa coloration jaune pâle et l’absence de tanins.
En revanche, le vin orange est un vin de cépage blanc qu’on laisse macérer avec les peaux des raisins pour une durée qui varie de quelques jours à plusieurs mois. Le vin présente alors une coloration ambrée, le jus possède une structure légèrement tannique, et l’aromatique n’a absolument rien de comparable avec celle d’un vin blanc traditionnel.

 

Un vin orange est-il forçément un vin d’amphores ?

Non ! Le qualificatif « orange » signifie juste que le vin a été fermenté avec les peaux des raisins, il ne se rapporte pas au contenant utilisé.
Les vins oranges sont toutefois plus fréquemment produits chez les vignerons qui travaillent avec des jarres de terre cuite (amphore),  ou encore des Qvevris (dont je parle ici), en respectant une méthode ancestrale de vinification venue de Géorgie.
D’autres produisent des vins orange en cuves, soit par vinification traditionnelle, soit par macération carbonique (décrite ici).

 

Un vin « blanc » d’amphore est-il forçément un vin orange ?

Non ! Même si les vins orange sont souvent produits en amphore, cela ne veut pas dire qu’un vin « blanc » en amphore est un vin orange. Tout dépend si ce dernier a été vinifié en amphore ou seulement élevé en jarres de terre cuite.
Sous le nom de « vin en amphore » ou « vins d’amphore », il convient d’être prudent et de vérifier à quelle étape de la vinification la jarre a été utilisée (plus de détails ici): si le vigneron n’utilise la jarre ou l’amphore que pendant la phase d’élevage, le produit final sera un vin blanc et non un vin orange.
Si vous recherchez spécifiquement un vin orange, il faut qu’il soit stipulé comme tel chez le caviste, ou qu’il soit précisé que le vin est un « vin (blanc) de macération ».

 

Le vin orange possède-t-il une aromatique très différente de celle d’un vin blanc ?

Oui ! Il ne faut pas croire que l’on boit un vin orange comme un vin blanc. L’aromatique et la texture n’ont rien de semblable, et l’expression du cépage y est totalement différente.
Au nez, un vin orange offre des arômes de fruits secs, raisins secs, dattes, écorce d’agrumes, ainsi que des notes d’eau-de-vie de fruits plus ou moins prononcées selon les cépages. La macération permet notamment de mettre en valeur des cépages de nature peu aromatique: le sylvaner, par exemple, cépage dit « neutre », dévoile d’agréables parfums de fleurs et une pointe d’eau-de-vie de prune lorsqu’il est vinifié avec les peaux et en particulier en Qvevris, comme le fait le domaine Bannwarth.
La matière est légèrement tannique, je dis bien légèrement, car le tanin n’a pas, en bouche, la force de celui que l’on peut rencontrer dans le vin rouge. La texture est délicate et d’une grande fraîcheur.

Savoir apprécier un vin orange est plus une affaire de goût et d’habitude. Un palais non initié à ce style de vin, ou tout simplement si vous avez coutume de consommer toujours le même type de vin – un vin blanc sec de Bourgogne ou de Bordeaux, par exemple, vous risquez d’être déstabilisé: « c’est spécial », direz-vous au mieux, « j’aime pas », répondrez-vous dans le pire des cas.
La première fois que j’ai goûté les vins orange en Qvevris du domaine Bannwarth, j’ai été surprise par leur parfums atypiques et totalement identitaires, où le cépage s’exprime de la façon la plus naturelle qu’il soit. Ils offrent une palette de fragrances rare et sans artifice.

Avec quoi accorder le vin orange?

Légèrement inquiets face à ce drôle de vin à la robe ambrée, beaucoup d’entre vous pensent qu’ils sont difficiles voire impossibles à accorder avec des mets classiques. Détrompez-vous. Leur texture légèrement tannique et leur aromatique atypique autorisent de nombreux accords, notamment sur des mets réputés difficiles à marier: les plats asiatiques sont ceux sur lesquels ils s’expriment le mieux.

Pour une cuisine plus traditionnelle, poulets rôtis, poissons grillés, et soupes font un heureux mariage avec un vin orange: il possède une faculté à accompagner le plat sans le dominer, ni l’écraser. On veillera simplement à ce que la texture du mets soit complémentaire à celle du vin légèrement tannique.