Après la dégustation d’un nouveau millésime sonne l’heure de son accord met-vin et l’occasion pour moi de le tester sur mes propres recettes…
Chaque nouveau millésime qui arrive en cave est dégusté. Ça prend le temps que ça doit prendre, mais j’y tiens beaucoup pour plusieurs raisons : d’une part, je veux être la plus précise possible dans mes fiches produit, et pour le décrire correctement, il faut goûter le vin au préalable. D’autre part, cet exercice me permet également de me remémorer le style du vin, ce qui est indispensable pour guider les clients dans leur choix.
Aujourd’hui, c’est l’heure de déguster la cuvée TAURUS 2015 du domaine de l’Ecu, un muscadet élevé sur lies pendant deux ans en cuves puis en barriques de chêne bourguignon. S’il n’y a aucun changement dans la méthode de vinification, l’effet millésime est indéniable, car je trouve l’année 2015 plus aboutie, plus complexe, plus nuancée que la 2013. Elle a ce petit quelque chose d’indéfinissable qui ne laisse pas de marbre. J’en profite pour souligner qu’un passage en carafe lui va à ravir, une petite heure avant le service lui est nécessaire et suffisante pour s’épanouir. A défaut, le vin est un peu trop timide pour être apprécié à sa juste valeur.
Une fois la dégustation effectuée (vous pouvez consulter les notes de dégustation ici), il est temps de tester le vin sur un plat. Et ce soir-là, j’ai décidé de le tenter sur un poulet « à ma façon ». Car la cuisine, j’adore ça.
Pas une recette compliquée, juste une cuisine de tous les jours, sans fards ni tracas mais mijotée avec les aromates adéquats pour donner de la saveur au plat.
Pourquoi avoir choisi le poulet ? Parce que la cuvée TAURUS offre une matière savoureuse dont la texture s’accorde bien avec celle du poulet. En voici la recette, simple comme bonjour : j’émince quelques échalotes et du persil dans une poêle, j’y ajoute les morceaux de poulet (blancs, hauts de cuisse et pilons) que je saupoudre d’une poignée d’herbes aromatiques séchées (origan, romarin, hysope, sarriette, thym), et je laisse mijoter le tout à feu doux jusqu’à ce que le poulet commence à dorer. Puis je retourne les morceaux de viande et j’ajoute du cidre que je laisse réduire dix minutes de plus. Pour terminer, j‘accompagne le plat de riz complet cuit à la vapeur et aromatisé par la sauce au cidre du poulet : c’est prêt, à table !
Et c’est là que le charme opère : la cuvée TAURUS 2015 tonifie le plat par sa fraîcheur, sa texture onctueuse enrobe celle des chairs du poulet et ses notes anisées en relèvent les saveurs.
Si un tel accord est possible, c’est grâce au travail de Fred NIGER, vigneron du domaine et véritable apprenti sorcier de la vigne, qui joue avec ses contenants d’élevage comme un musicien de son instrument de musique.
TAURUS n’est pas un muscadet même s’il en porte l’appellation ; pas de la façon dont le nom de « muscadet » sonne à nos oreilles ni ce qu’il évoque, c’est-à-dire le petit vin discret à boire frais en bord de mer face à un plateau de fruits de mer.
Il faut abandonner tous ces a priori et apprécier TAURUS pour ce qu’il est : un très beau vin blanc de Melon de Bourgogne que les deux longues années d’élevage, moitié en cuves, moitié en barriques, ont magnifié !