Il fait partie de ces vignerons droits dans leurs bottes, comme je les aime. Des vignerons sincères, des vignerons qui consacrent leur temps à leurs vignes et à leurs vins au lieu de chercher à surfer sur la dernière vague marketing qui leur permettra de décupler les ventes.
Parce qu’un vin, s’il est bon, n’a pas besoin de marketing pour se vendre. Lorsqu’il s’agit d’une notoriété forgée sur le sérieux et la qualité, le consommateur avisé ne s’y trompe pas.
Lors d’une discussion avec Matthieu le mois dernier, nous avons évoqué la certification « Agriculture Biologique », qu’il n’a pas, même s’il travaille ses vignes de façon la plus biologique possible. Voulant m’assurer qu’il n’est pas certifié bio, afin de ne pas communiquer de fausses informations, il me répond: « Je confirme ! Si je suivais la charte Agriculture Biologique pour obtenir la certification, je serais encore moins respectueux de l’environnement que je ne le suis aujourd’hui ». Pour lui, les doses de cuivre autorisées en Bio sont encore trop élevées, c’est un produit extrêmement polluant pour les terres. Sa technique consiste à en réduire l’utilisation par l’emploi d’un mélange de moitié de cuivre, moitié de phosphonate de potassium, qu’il pulvérise une fois au printemps sur la fleur de la vigne.
En outre, Matthieu n’emploie aucun insecticide, ni aucun désherbant depuis qu’il a repris les rennes du domaine.
Au chai, il se veut le moins interventionniste possible: il consacre toute son attention sur les vendanges, la qualité des raisins et le tri car un raisin de qualité est la condition première d’un vin de qualité.
La devise du domaine DELAPORTE: plus d’hygiène, moins de soufre. La fermentation se déroule avec levures indigènes et les élevages sont longs, sans soutirages…« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage »: le jus décante tranquillement dans ses barriques de chêne, les lies par leur poids se déposent lentement au fond: il ne reste plus qu’à récupérer délicatement le jus en surface. Un légère filtration avec de la terre de kieselguhr est appliquée sur les blancs uniquement, afin d’éliminer les lies les plus grossières, aucune opération de collage n’est effectuée.
Matthieu veut avant tout produire un vin qui soit sain et bon, et comme je l’écrivais déjà dans l’article LA BIO ET LE VIN – mieux comprendre les labels, il est compliqué de certifier par un label quelque chose d’aussi complexe que l’amour du travail bien fait; comme le dit si bien Matthieu, « il n’y a pas de label pour la sincérité, je reste persuadé que les vins parlent d’eux-mêmes ! »…Ou comme le dit le proverbe: « Coeur ne peut mentir »…