L’avènement du numérique a révolutionné notre quotidien en nous donnant accès à la connaissance et à l’information, sous réserve que l’on sache vérifier la fiabilité de nos sources et faire la distinction entre information de qualité et messages purement propagandistes.
On voit « fleurir » bon nombre d’ouvrages sur le vin pour les débutants, pour les nuls ou pour qui n’y connaissent rien, avec le message rassurant que vous saurez tout sur le monde du vin une fois le précieux ouvrage lu. C’est un début, en effet, mais ces œuvres ont peut-être le défaut de ne pas poursuivre l’instruction plus loin, car elles sous-entendent que l’on peut résumer 6000 ans d’histoire en une cinquantaine de pages…
Nous n’avons pas assez d’une vie pour connaître toute l’histoire du vin sur le bout des doigts parce que c’est un produit de culture avant tout, au même titre que la gastronomie, et qu’il nécessite un palais éduqué, un oeil attentif, un cerveau curieux, bref un esprit éveillé.
« Pas besoin de connaître 6000 ans d’histoire sur le vin pour boire un verre ! du pinard c’est du pinard ! », me rétorque-t-on. FAUX ! Cette affirmation arrange surtout ceux qui ne veulent pas prendre le temps de connaître le monde dans lequel ils vivent ni de faire l’effort d’apprendre.
Car ignorer l’histoire du vin (et à travers elle, celle des hommes qui l’ont façonnée) fait du consommateur LA proie idéale des publicitaires et la cible parfaite des marketeurs.
Le vin est un produit complexe qui exige un minimum de connaissances sur les modes et les évènements ayant fait sa réputation au cours des siècles. Je sais, sachant que la France compte une bonne cinquantaine de régions viticoles, plus de trois-cents appellations, sans parler de la multiplicité des vignerons, il y a de quoi en décourager plus d’un. Pourtant, connaître l’histoire d’une appellation, les raisons de sa naissance et son évolution à travers les siècles nous éclaire sur sa renommée et nous enseigne l’influence considérable qu’exercent les différentes modes sur le style des vins. La région champenoise en est un illustre exemple, passant des champagnes doux tels qu’ils étaient appréciés au XVIIIème siècle à des champagnes contemporains vifs et droits, avec une forte tendance au « zéro-dosage ».
Apprécier un vin fait l’objet d’un apprentissage également. On aimerait nous faire croire que « la connaissance vient comme ça, plus immanente que transcendante, le type ou la nana s’asseyent devant le bar, et la Lumière est. S’ensuivent, preuve de ce miracle digne des marchands de Lourdes, des « sacébon » (ou « sacépabon »), « super-glouglou », « slurp », « tuerie! »…, qui oscillent semble-t-il entre l’Hosana du curé et l’Eurêka d’Archimède », comme l’écrit si bien Vincent Pousson sur son blog. Savoir déguster nécessite du temps et de la pratique ; il s’agit de percevoir ce qui fait la qualité d’un vin, de prendre le temps de le sentir et de le ressentir….« Très bien, me direz-vous, on veut tout savoir, mais…on commence par où ? », et moi de vous répondre « par le début ! »…
…Et le début, c’est quoi ? c’est VOUS-MÊME ! Commencez par un apprentissage du goût pour ré-éduquer votre nez et votre palais ! Impossible de discerner des arômes de verveine ou de coriandre dans un vin si vous n’avez jamais senti le parfum de ces herbes auparavant, alors commencez dès aujourd’hui: prenez le temps d’humer un bouquet de thym, une branche de romarin, des clous de girofle,…pour en mémoriser les fragrances et pouvoir les reconnaître. Soyez exigeants sur la qualité de vos produits.
Prenez le temps de sentir le vin, de comparer différentes cuvées (même cépage, même domaine, mais terroir différent ou vinification différente), et petit à petit vous allez naturellement vous poser des questions sur ce qui lui confère une telle aromatique, sur l’influence de tel ou tel contenant d’élevage, sur l’intérêt d’utiliser les rafles ou pas, etc.
Vous trouverez sur internet des réponses pertinentes à vos questions grâce à des blogs de qualité, mais là encore, vigilance: il y a les blogs de ceux qui écrivent pour partager leur connaissance, et les blogs de ceux qui vomissent un piètre contenu, souvent pâle copie d’articles de presse, dans le but d’être mieux référencés par les moteurs de recherche ou tout simplement pour faire la promotion d’un produit moyennant finance…ces derniers ne vous seront pas d’une grande utilité !
Alors tous à vos crayons, et que le grand voyage commence, celui des sens et de l’esprit !